La fin d’une aventure
Après plus d'un an existence, l'Accent bourguignon se voit contraint de cesser sa parution. Le treizième et dernier numéro, daté de mars 2018, ne sera pas distribué dans les kiosques mais vous pouvez le trouver en version PDF sur la boutique de notre site.
Découvrez ci-dessous l'édito de cet ultime numéro collector, qui explique les raisons de la fin de cette belle aventure.

Notre volonté à l’Accent bourguignon n’a pas bougé d’un iota : vous informer au plus près de la vérité, sans tabou ni préjugé. Les faits comme seul juge. Les faits justement nous imposent d’être directs : nous mettons la clé sous la porte. Nos ventes stagnent et nos trop faibles rentrées publicitaires condamnent votre magazine. Continuons avec la franchise : nous avons pris beaucoup de plaisir à vous concocter, depuis plus d’un an, l’Accent bourguignon. Des centaines de rencontres enrichissantes, parfois agaçantes, quelquefois tendues… Mais quel bonheur d’apporter un autre regard sur notre région, sans caricature, ni complaisance. Nous ne sommes les valets de personne, à part de notre conscience.
Même si nous estimons que notre démarche s’inscrit dans les sillons de l’honnêteté, elle ne peut fonctionner qu’avec vous. Mais encore faut-il que les lecteurs puissent nous trouver. Depuis un an, nous avons constaté une imagination sans borne pour nous censurer. La face visible, certains d’entre vous nous l’ont signalée : « Votre magazine est introuvable ! » Il faut dire que certains buralistes indélicats ne nous sortaient même pas des cartons. D’autres nous cachaient derrière des revues de camping-car… Heureusement, quelques-uns nous ont soutenus, et nous les remercions sincèrement.
La publicité, qui permet à la presse de survivre, nous était interdite par quelques responsables politiques vexés par notre liberté. Même des annonceurs privés se voyaient conseiller, par quelques malotrus, de ne pas prendre des pages de publicité. Alors, que faire ? Tenir bon ? Ça tombe bien, nous sommes têtus, mais pas kamikazes. Le journalisme est une passion, mais aussi un métier. Nous ne vivons pas que d’amour et d’eau fraîche. Sauf que l’information d’aujourd’hui doit être gratuite, reprise sans être sourcée, sans oublier la course aux clics mettant sur le même plan une paire de fesses et un discours présidentiel.
Les citoyens dans tout ça ? George Orwell en 1944, dans l’hebdomadaire la Tribune, apporte quelques éléments de réponse. La presse « est aux mains d’une poignée de gros capitalistes qui ont intérêt au maintien du capitalisme et qui tentent donc d’empêcher les gens d’apprendre à penser ». Pour accompagner cette tendance, les communicants : « Ils ont donc tout intérêt à maintenir un état d’esprit, « le soleil brille », qui incitera les gens à dépenser de l’argent. L’optimisme est excellent pour le commerce, et davantage de commerce signifie davantage de publicité. » L’Accent bourguignon devait être trop plongé dans l’information et ne pas assez détourner l’attention si chère aux annonceurs publicitaires.
Pour ce dernier numéro, d’ores et déjà collector, nous avons tenté, avec quelques sujets, de comprendre notre Bourgogne. Pourquoi Henri Vincenot, le pape des escargots, est-il un modèle pour l’extrême droite ? Peut-on soigner des fous, qui sous prétexte d’un dieu, détestent l’humanité ? Nos monuments doivent-ils se transformer en proie pour les promoteurs immobiliers ? Qu’allons-nous faire demain ?
Rester debout quoi qu’il arrive !
Jérémie Demay